I. Introduction
Le Search Engine Optimization (SEO) ou référencement naturel est devenu au fil des années un levier incontournable pour assurer la visibilité des sites web sur les moteurs de recherche. Dans un environnement digital toujours plus concurrentiel, où près de 90% des expériences en ligne commencent sur un moteur de recherche, il permet de positionner favorablement son site sur des requêtes ciblées, de générer du trafic qualifié et de construire sa notoriété en ligne.
Mais le SEO est loin d’être un domaine figé. Il doit en permanence s’adapter aux évolutions technologiques, aux changements de comportement des internautes et aux mises à jour régulières des algorithmes de classement des moteurs de recherche, au premier rang desquels Google. Depuis les premières optimisations de contenu et de maillage interne jusqu’à l’analyse des signaux utilisateurs et l’intégration des dernières technologies d’intelligence artificielle, les techniques de référencement n’ont cessé de se perfectionner et de gagner en complexité.
Aujourd’hui, le SEO s’impose comme une expertise à part entière, au croisement du marketing, de l’informatique et de la communication. Une expertise de plus en plus stratégique aussi, à l’heure où le trafic organique en provenance des moteurs de recherche s’affirme comme un vecteur majeur de croissance et de rentabilité pour les entreprises. Selon une étude de BrightEdge, il génèrerait ainsi en moyenne 53% du trafic total des sites web, loin devant les autres sources comme les réseaux sociaux (5%) ou les campagnes e-mailings (2%).
Mais alors que le SEO a atteint aujourd’hui une certaine maturité, quels sont les défis et les enjeux qui attendent les professionnels du référencement dans les prochaines années ? Comment les grandes tendances à l’œuvre dans le digital – du développement de l’intelligence artificielle à l’essor de la recherche vocale en passant par la montée en puissance des assistants personnels – vont-elles rebattre les cartes du SEO ? Et quelles sont les bonnes pratiques et tactiques à mettre en place dès maintenant pour préparer son site aux évolutions du search de demain ?
C’est tout l’objet de ce chapitre consacré à l’avenir du SEO à moyen-long terme. En nous appuyant sur les analyses d’experts reconnus et les dernières études prospectives du marché, nous allons explorer les principaux changements à l’œuvre, tant sur le plan des technologies et des usages que des pratiques professionnelles. Nous verrons comment les progrès de l’intelligence artificielle promettent d’automatiser et de personnaliser toujours plus finement les résultats de recherche. Comment l’adoption massive des smartphones et des enceintes connectées annonce l’avènement d’un SEO mobile, conversationnel et local. Ou encore comment l’attention croissante portée à l’expérience et aux signaux utilisateurs conduit à repenser les critères de pertinence et les tactiques d’optimisation.
Autant de tendances de fond qui dessinent les contours d’un SEO résolument tourné vers l’utilisateur final et ses attentes. Un SEO de plus en plus intégré aussi aux autres leviers marketing et technologiques de l’entreprise, dans une logique full-stack. Mais avant de détailler ces évolutions une à une, revenons un instant sur les fondamentaux du référencement aujourd’hui et son poids déjà considérable dans les stratégies digitales des entreprises.
Car s’il est une certitude, c’est que le SEO restera plus que jamais incontournable demain pour exister sur le web et capter une audience qualifiée. Avec l’explosion du volume d’informations en ligne et l’intensification de la concurrence, il constituera un avantage compétitif majeur pour les marques capables de climber durablement dans les classements des moteurs. Celles qui sauront le mieux décrypter les nouvelles règles du jeu et s’adapter en continu, en mixant actions techniques et production de contenus inspirants. Mais aussi en plaçant l’utilisateur final au cœur de leur approche, pour lui délivrer à chaque étape de son parcours une expérience fluide et pertinente.
Le SEO de demain sera ainsi plus que jamais un SEO centré sur l’humain avant les moteurs. Un SEO de conviction, fondé sur la qualité et l’engagement plus que sur la manipulation de critères purement techniques. Exigeant dans sa mise en œuvre, à l’image de la complexification des algorithmes et des attentes toujours plus grandes des internautes. Mais ô combien stratégique pour construire une présence digitale forte et pérenne, à l’heure où le search s’impose comme la porte d’entrée principale du web. Bref, un SEO en pleine mutation, mais qui a définitivement de beaux jours devant lui. À condition de savoir dès maintenant prendre le virage de l’ère post-Google… C’est tout l’enjeu des réflexions que nous allons mener dans ce chapitre.
II. Les tendances technologiques qui façonneront le SEO de demain
A. L’essor de la recherche vocale et conversationnelle
L’une des grandes révolutions qui se profile à l’horizon du SEO est sans conteste le développement fulgurant de la recherche vocale. Avec la démocratisation des smartphones et des enceintes connectées, de plus en plus d’internautes privilégient les commandes orales pour accéder à l’information ou interagir avec leur environnement digital. Selon une étude de Capgemini, les assistants vocaux équiperaient déjà 40% des foyers dans les pays développés. Et ce n’est qu’un début : Google estime qu’en 2020, 50% des recherches sur le web seront vocales.
Cette nouvelle façon de rechercher l’information, plus simple et intuitive que la saisie de texte sur clavier, va profondément changer la donne pour le SEO. Aujourd’hui centré sur l’optimisation de pages web pour des requêtes « tapées », il va devoir s’adapter à des demandes orales, formulées en langage naturel. Exit donc les classiques listes de mots-clés associés à des pages : pour être bien référencé sur les assistants vocaux, il faudra être capable de fournir directement la réponse à des questions précises, dans un format court et facile à lire oralement.
Cela implique d’abord d’optimiser ses contenus pour le format question-réponse, en utilisant les classiques balises FAQ, Q&A, How-to, etc. Mais aussi d’adopter un ton conversationnel, en privilégiant les phrases simples, le vocabulaire courant, les tournures interrogatives… Tout en veillant à la fluidité orale des réponses, en évitant les formulations trop longues ou alambiquées. Sans oublier l’importance du contexte, puisque les requêtes vocales sont souvent liées à une situation spécifique (localisation, moment de la journée, historique de navigation…).
Pour fournir des réponses pertinentes dans ce cadre conversationnel, le SEO devra plus que jamais miser sur une compréhension fine des intentions et du contexte de chaque requête. Cela passera par l’analyse sémantique et l’apprentissage automatique, pour aller au-delà des simples mots-clés littéraux et identifier les différents concepts et entités associés. On parle de « requêtes sémantiques », qui ne cherchent plus seulement une correspondance exacte entre les termes d’une question et le contenu d’une page, mais analysent le sens général de la demande pour fournir les résultats les plus adaptés.
Le SEO conversationnel supposera aussi d’optimiser la structure de ses données, pour permettre aux assistants vocaux et chatbots d’accéder facilement aux informations les plus pertinentes. C’est tout l’enjeu des technos schéma.org et autres micro-données, qui permettent de « tagger » son contenu pour le rendre plus lisible par les robots. Avec à la clé, un meilleur référencement dans les featured snippets, ces encarts de réponse directe qui s’affichent en tête des résultats Google… et font office de base de connaissance principale pour les assistants vocaux.
Autre chantier de taille pour les experts SEO : adapter la navigation des sites aux interactions vocales. Aujourd’hui pensée pour le clic, elle devra intégrer de nouveaux modes de consultation « sans écran », en permettant par exemple de passer d’un contenu à l’autre par commande orale. Mais aussi de gérer des allers-retours dans un processus de recherche, en mémorisant les requêtes précédentes pour affiner les réponses. Tout un art du dialogue homme-machine, qui pousse certains à prédire l’avènement des « assistants personnels de marque », capables de converser de façon fluide et personnalisée avec les internautes.
Le SEO vocal promet ainsi d’ouvrir de nouveaux horizons en termes d’expérience utilisateur, avec des parcours ultra-intuitifs et profilés aux besoins de chacun. Mais il représente aussi un sacré défi en termes de création de contenus : à l’heure des assistants vocaux, il ne s’agit plus seulement de rédiger des textes optimisés, mais de concevoir de véritables « conversations » adaptées à l’oral. Avec de nouvelles problématiques en termes de ton, de format, de rebonds… Et, surtout, une importance accrue de la marque et de sa « voix » propre, pour se différencier dans l’espace sonore. De quoi donner du fil à retordre aux rédacteurs web, mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives en termes de proximité et de mémorabilité des messages !
B. L’impact de l’intelligence artificielle sur les algorithmes de recherche
Autre tendance de fond qui façonnera le SEO de demain : les progrès de l’intelligence artificielle (IA) et du machine learning. Après avoir révolutionné de nombreux domaines, des transports à la santé en passant par la finance, l’IA s’attaque aujourd’hui aux algorithmes de recherche, avec la promesse d’une pertinence et d’une personnalisation accrues des résultats. Et ce n’est qu’un début : selon une étude de McKinsey, l’IA devrait générer jusqu’à 13 000 milliards de dollars de valeur ajoutée d’ici 2030, dont une bonne partie dans le secteur du digital.
Pour les moteurs de recherche, l’enjeu est d’utiliser les techniques d’apprentissage automatique (machine learning, deep learning…) pour « apprendre » en continu à partir des données et améliorer leurs performances. Plutôt que d’appliquer des règles prédéfinies, ces algorithmes sont capables d’identifier par eux-mêmes des corrélations et des schémas complexes, pour en déduire les facteurs de pertinence les plus prédictifs. Avec à la clé, une compréhension bien plus fine des requêtes et des contenus, permettant d’affiner le matching entre une demande et les meilleures réponses associées.
Google utilise ainsi depuis 2015 le RankBrain, un algorithme de machine learning, pour interpréter les requêtes des internautes et leur apporter des résultats adaptés, même lorsqu’elles sont formulées pour la première fois. Capable d’analyser le sens des mots au-delà de leur strict libellé, il permet de sortir des limites des dernières mises à jour (Panda, Penguin, Hummingbird…) centrées sur la traque des techniques d’optimisation trop « mécaniques ». Avec une attention croissante portée aux signaux utilisateurs (taux de clic, temps passé sur la page, taux de rebond…), gages d’un contenu de qualité.
Mais ce n’est qu’un premier pas : à terme, l’IA promet de bouleverser en profondeur les critères de classement des pages, en intégrant des milliers de signaux « faibles » liés au comportement des internautes. Des signaux aujourd’hui difficiles à analyser ou optimiser, comme la lecture d’une vidéo, le défilement vers le bas d’une page, le parcours de navigation, etc. Le machine learning permet aussi d’automatiser des tâches jusqu’ici très manuelles, comme l’identification de contenus de faible qualité (contenu dupliqué, phraséologie suspecte…) ou l’évaluation du niveau d’expertise d’un auteur sur un sujet.
Pour le SEO, c’est une petite révolution : plutôt que de chercher à « tuner » des pages sur des critères explicites, il faudra se concentrer sur les fondamentaux : l’utilité et la qualité intrinsèque des contenus, au regard des besoins très spécifiques des utilisateurs ciblés. Un contenu jugé pertinent par les internautes aura naturellement tendance à générer des signaux d’engagement forts, qui le feront grimper dans les résultats. À l’inverse, des contenus de faible valeur ajoutée seront vite « déclassés », quels que soient les efforts d’optimisation déployés.
Dans cette logique, certains experts prédisent à moyen-terme « la fin du SEO » tel qu’on le connaît aujourd’hui. Ou du moins, la fin de la course à l’optimisation sur des critères purement techniques (mots-clés, maillage, vitesse de chargement…), au profit d’une search experience globale centrée sur l’utilisateur. Un utilisateur dont les moteurs sauront de mieux en mieux anticiper les attentes, grâce à une connaissance fine de son profil et de son contexte. De quoi remettre en question le sacro-saint principe de l’universalité des SERP (tous les internautes voient les mêmes résultats pour une requête donnée), au profit d’un classement ultra-personnalisé.
Pour autant, l’IA ne signe pas l’arrêt de mort du SEO, loin s’en faut. Il y aura toujours un fort enjeu à optimiser le « scoring » de ses pages, en fonction des nouveaux critères de pertinence identifiés par les algorithmes. Mais cette optimisation passera davantage par la compréhension des comportements utilisateurs et la création de parcours fluides, que par un simple travail de balisage ou de génération de liens. Le SEO devra plus que jamais collaborer avec les équipes UX, data et marketing pour concevoir des expériences utilisateurs engageantes, qui maximisent les taux d’interaction et de conversion.
Il faudra aussi composer avec un autre impact majeur de l’IA : l’automatisation croissante de la création de contenus. Avec les progrès du traitement du langage naturel (TAL), des solutions comme GPT-3 sont aujourd’hui capables de générer des textes très proches de ceux écrits par des humains. Une aubaine pour alimenter en continu un site avec des contenus optimisés… Mais aussi une menace pour la diversité et l’originalité des informations disponibles. Sans parler des risques de manipulation et de désinformation associés à ces robots-rédacteurs ! Entre IA et RAI, le combat du contenu fait rage…
C. La place grandissante des contenus vidéo et visuels
Parallèlement à l’essor de l’IA et de la recherche vocale, une autre tendance de fond s’impose sur le web : la place grandissante des contenus vidéo et visuels dans les usages et les stratégies de contenu. Avec l’amélioration des débits et la généralisation des écrans haute définition (ordinateurs, smartphones, TV…), l’image s’impose comme un vecteur majeur de communication et d’engagement en ligne. Selon Cisco, la vidéo représentera 82% du trafic Internet mondial d’ici 2022, contre « seulement » 75% en 2017. Quant aux contenus visuels (images, infographies, GIF…), ils génèrent en moyenne 94% plus de vues que les contenus uniquement texte.
Face à cette appétence croissante des internautes pour les formats multimédias, le SEO doit urgemment prendre le virage de l’optimisation visuelle. Si les fondamentaux restent les mêmes (mots-clés, balisage, structure de site…), il s’agit désormais de les appliquer à des types de contenus plus variés et interactifs. À commencer par les vidéos, qui représentent un formidable levier de trafic… à condition d’être correctement référencées.
Pour cela, il faudra d’abord travailler ses titres et descriptions, en y intégrant les mots-clés pertinents sans tomber dans le « bourrage ». Mais aussi s’assurer de la présence des bonnes balises (Open Graph, Schema.org…) pour une compréhension optimale par les moteurs. Le sous-titrage des vidéos sera également un must, à la fois pour l’accessibilité et le référencement (Google « lit » les sous-titres !). Tout comme la création de vignettes accrocheuses, de plus en plus importantes avec le développement des « video carousels » dans les SERP.
Mais le vrai défi du référencement vidéo sera surtout d’optimiser la découvrabilité de ses contenus sur les plateformes tierces. Car aujourd’hui, une vidéo a plus de chance d’être vue en suggestion sur YouTube qu’en résultat de recherche Google ! D’où l’importance de soigner ses titres, tags et catégories sur chaque plateforme de diffusion (YouTube, Vimeo, Dailymotion…). Mais aussi de travailler l’engagement des viewers, en suscitant les likes, commentaires et partages. Des métriques scrutées de près par les algorithmes pour évaluer la popularité d’une vidéo et la suggérer à d’autres utilisateurs.
Même logique du côté des images, qui devront être proprement « balisées » pour bien performer dans la recherche Google Images (nom de fichier, balise alt, légende, mise en situation de l’image dans la page…). Mais aussi, de plus en plus, dans la recherche générale, via les thumbnails qui s’affichent dans les SERP. À terme, la recherche visuelle (reverse image search) devrait aussi prendre de l’ampleur, permettant de trouver des produits ou des informations à partir d’une simple photo. Les experts du SEO devront donc se familiariser avec les technologies de reconnaissance d’image, pour optimiser la détection de leurs visuels.
Enfin, il faudra compter avec l’émergence de nouveaux formats visuels immersifs, comme la réalité virtuelle (VR) ou la réalité augmentée (AR). Déjà utilisés dans des domaines comme le tourisme, le retail ou l’immobilier, ils permettent de plonger l’internaute dans une expérience visuelle à 360°, en superposant du contenu digital à la réalité. Un potentiel énorme en termes d’engagement et de mémorabilité… mais aussi de nouveaux challenges SEO, pour rendre ces contenus découvrables et « crawlables » par les moteurs.
On le voit, le SEO visuel est encore largement en friche, ouvrant de nombreuses opportunités de différenciation pour les marques prêtes à investir le terrain. Mais attention à ne pas tomber dans les travers du « tout visuel » : pour être efficace, une stratégie de contenu doit rester centrée sur les besoins informationnels de l’utilisateur. Et donc mixer intelligemment les formats, en fonction des requêtes et des moments de navigation. Il en va de la diversité du web… et de sa bonne santé référencementielle !
D. L’adaptation du SEO aux appareils mobiles et objets connectés
Quatrième grande tendance à l’œuvre, et non des moindres : l’explosion des usages mobiles et l’avènement de l’Internet des objets (IoT). Alors que le smartphone s’est imposé comme le terminal numéro 1 des internautes (52% du trafic web mondial en 2018 selon StatCounter), le SEO doit urgemment prendre la mesure de cette nouvelle donne « mobile-first ». Un enjeu d’autant plus stratégique que Google a officialisé en mars 2018 la primauté de l’index mobile sur l’index desktop pour son crawler. Autrement dit, c’est désormais la version mobile des sites qui sert de référence pour le classement dans les SERP !
Mais comment optimiser un site web pour une navigation non plus depuis un grand écran d’ordinateur, mais sur le petit affichage vertical d’un smartphone ? C’est tout le défi du responsive design, qui consiste à concevoir des pages fluides et lisibles sur n’importe quel terminal. Un principe clé pour offrir une expérience unifiée quel que soit l’appareil, et ainsi favoriser l’engagement et la conversion des mobinautes. Mais qui demande de repenser en profondeur l’architecture et le design des sites, en appliquant les bonnes pratiques « mobile-friendly » (grandes polices, boutons cliquables, champs de saisie adaptés…).
Autre levier d’optimisation mobile crucial : la vitesse de chargement. Selon Google, 53% des visites sont abandonnées si une page met plus de 3 secondes à s’afficher sur smartphone. D’où l’importance de travailler sur la performance technique (poids des images, minification du code, lazy loading…), pour des temps de chargement ultrarapides. Mais aussi, plus largement, de repenser le parcours utilisateur dans une logique « mobile-first » : en priorisant les contenus les plus consultés en situation de mobilité, en simplifiant la navigation, en accélérant le checkout… Bref, en plaçant l’expérience utilisateur mobile au cœur de sa stratégie SEO.
Mais l’enjeu « mobile » ne se limite pas à l’optimisation du site web responsive. Il est aussi d’assurer sa présence sur les autres leviers de captation du trafic mobile. À commencer par les applications, qui représentent aujourd’hui plus de 80% du temps passé sur smartphone selon Flurry. Un marché ultra-concurrentiel, où il devient vital de travailler son référencement naturel… sur les stores (ASO) ! En optimisant sa fiche app, ses visuels, ses avis utilisateurs… Pour gagner en visibilité et téléchargements qualifiés.
Mais aussi en développant des liens profonds (deep links) entre son site et son app, pour favoriser une navigation fluide entre les deux environnements. Et en poussant du contenu d’app indexable par les moteurs (app indexing), pour générer du trafic organique sur des pages d’atterrissage dédiées. Google propose même désormais des formats d’annonces AdWords spécifiques pour promouvoir des app (Universal App Campaigns), preuve de l’importance stratégique du canal ! Sachant que le SEO devra aussi de plus en plus composer avec les assistants personnels des OS mobiles (Siri, Google Assistant…), qui font office de nouveaux « gatekeepers » de l’accès à l’information…
L’avènement de l’Internet des objets va encore accélérer et complexifier la donne mobile. Avec la multiplication attendue des terminaux connectés (montres, TV, voitures, domotique…), c’est en effet une nouvelle galaxie de points de contact digitaux qui s’ouvre aux marques. Mais aussi autant de nouveaux « hubs » de requêtes et de données à intégrer dans sa stratégie de visibilité ! Les moteurs planchent déjà sur le référencement dédié à ces environnements (Google Home SEO, Apple Watch SEO…), posant les bases d’un « IoT SEO ». Un SEO non plus seulement mobile, mais « multicanal », centré sur l’omnicanalité et la portabilité des contenus…
E. Le poids croissant des facteurs « off-site » (hors-site)
Dernière grande tendance qui pèsera sur le SEO de demain : l’importance croissante des facteurs « off-site », c’est-à-dire des signaux externes au site web lui-même. Déjà identifiés comme des critères de pertinence majeurs par Google (notamment via le célèbre algorithme PageRank), ils devraient prendre encore plus de poids avec les progrès de l’analyse des données et du machine learning. L’enjeu : évaluer l’autorité et la crédibilité d’un site à l’aune de sa réputation sur le web… et pas seulement de ses caractéristiques « on-site ».
Au premier rang de ces signaux off-site, on trouve bien sûr les backlinks, ces fameux liens entrants qui pointent vers un site depuis d’autres pages web. Plus un site recevra de liens de qualité, issus de sources fiables et reconnues dans son domaine, plus il gagnera en autorité aux yeux des moteurs. D’où l’importance d’une stratégie de netlinking proactive, pour se constituer un maillage riche et diversifié. Mais gare aux techniques de « bourrage » artificiel (liens achetés, fermes de liens, annuaires…), vite repérées et sanctionnées par Google ! L’enjeu est d’obtenir des liens naturels et organiques, générés par des contenus « linkables » qui suscitent spontanément le partage et la citation.
Autres signaux off-site scrutés de près par les moteurs : les mentions sociales (partages, likes, commentaires…) qu’un site ou une marque génère sur les réseaux sociaux. Si Google a plusieurs fois nié utiliser directement ces métriques comme critère de classement, il reconnaît leur impact indirect sur le référencement. En améliorant la discovery et l’engagement autour des contenus, elles favorisent mathématiquement le SEO… tout en envoyant un signal « social proof » fort. D’où l’intérêt d’intégrer le SMO (Social Media Optimization) à sa stratégie, en adaptant ses contenus aux codes des différents réseaux (formats, tons, hashtags…).
De plus en plus, les algorithmes devraient aussi s’appuyer sur des signaux encore plus larges et diffus, liés à la « réputation » globale d’une marque sur le web. On parle de « brand signals » : citations dans la presse, avis consommateurs, tendances de recherche associées à la marque… Autant d’indices de notoriété et de confiance, qui rejaillissent positivement sur la qualité perçue du site. Sachant que le machine learning permet désormais d’analyser le « sentiment » associé à ces mentions, pour distinguer le buzz positif du bad buzz ! Un nouveau terrain de jeu pour le SEO, qui devra travailler main dans la main avec les équipes communication, RP et social media pour soigner sa « réputation search ».
Dernier type de signaux off-site à surveiller : les données comportementales des utilisateurs, collectées non plus seulement sur le site, mais aussi en dehors. Leurs requêtes de recherche, historiques de navigation, achats en ligne… constituent autant de « pépites » pour mieux cerner leurs intentions et attentes. Et ainsi mieux adapter le contenu et la structure des pages à leurs parcours réels. En croisant ces milliards de micro-signaux, une plateforme comme Google dispose d’une compréhension comportementale sans pareille… qu’elle peut réinjecter dans ses algorithmes d’appariement requêtes/résultats. Le SEO devra donc impérativement intégrer ces logiques prédictives, sous peine de passer à côté de pans entiers d’audience…
III. L’évolution des comportements et attentes des internautes
A. La recherche de réponses instantanées et d’expériences personnalisées
Sur le web d’aujourd’hui, les internautes sont devenus plus impatients et volatiles que jamais. Avec la généralisation du très haut débit et des appareils mobiles, ils ont pris l’habitude d’accéder à l’information en quelques clics, où qu’ils soient et à n’importe quelle heure. Selon des études, 40% des utilisateurs quittent une page web qui met plus de 3 secondes à charger. Et près de la moitié (47%) des consommateurs mobiles attendent une page pour se charger en moins de 2 secondes !
Cette exigence de fluidité et d’instantanéité bouleverse les codes traditionnels du SEO. Face à des utilisateurs zappeurs, qui scannent plus qu’ils ne lisent, c’est la notion même d’engagement qui est remise en question. L’enjeu n’est plus seulement d’amener l’internaute sur une page optimisée, mais de capter son attention en lui apportant une réponse immédiate et pertinente. D’où la montée en puissance des interfaces conversationnelles (chatbots, assistants vocaux…), qui délivrent une information personnalisée en temps réel. Mais aussi des formats de contenu « instantanés », adaptés à une consommation rapide et ciblée (featured snippets, info-bulles, « instant answers », AMP…).
Cette quête d’immédiateté va de pair avec une attente croissante de personnalisation. Les internautes ont pris l’habitude de voir leurs recherches Google, fils d’actualité Facebook ou suggestions Amazon s’adapter en temps réel à leurs préférences et historiques. Ils attendent désormais ce même niveau de « sur-mesure » de la part des marques ! Pour le SEO, l’enjeu est donc de concevoir non plus des expériences standardisées, mais des parcours ultra-qualifiés, qui répondent aux besoins spécifiques de chaque persona. En mixant le ciblage comportemental, la modélisation prédictive et l’apprentissage machine, pour adapter les contenus et résultats au profil de chaque visiteur.
Cette approche « one-to-one » suppose de recueillir et d’exploiter un maximum de données individuelles sur les utilisateurs (données CRM, historiques d’achat et de navigation, préférences déclarées…). Mais aussi d’analyser en temps réel leurs « micro-moments » de navigation (requêtes tapées, pages vues, interactions…) grâce au machine learning et au traitement du langage naturel. Le tout en respectant les exigences croissantes de confidentialité et de consentement liées au RGPD ! Un sacré défi, qui pousse le SEO à collaborer toujours plus étroitement avec les équipes data, pour mettre en œuvre des dispositifs de personnalisation à grande échelle (smart content, web-merchandising, recommandation produits…).
Mais gare à ne pas tomber dans les dérives du « sur-ciblage », qui risquerait d’enfermer les utilisateurs dans leurs propres bulles de filtres. L’enjeu est de trouver le bon équilibre entre personnalisation et découvrabilité, en laissant une place à la sérendipité et à l’ouverture. C’est tout l’enjeu de « l’éditorialisation », qui consiste à créer des ponts et des rebonds inattendus entre les contenus. Via un maillage interne intelligent, des suggestions « de contexte » ou des mises en avant éditoriales qui stimulent la curiosité. Le SEO aura un rôle clé à jouer dans ces nouvelles formes de médiation, en collaboration étroite avec les équipes édito.
B. L’importance de la qualité et de la pertinence des contenus
Dans un web de plus en plus encombré, où des millions de pages se disputent l’attention des internautes, la qualité intrinsèque des contenus devient un facteur clé de différenciation. Fini le temps où il suffisait de « bourrer » ses textes de mots-clés et de multiplier les pages thin content pour grimper dans les SERP ! Aujourd’hui, Google met un point d’honneur à valoriser les contenus à forte valeur ajoutée, qui répondent précisément aux requêtes des utilisateurs. Une orientation renforcée par les dernières mises à jour de son algorithme, comme « Panda » qui filtre les contenus de faible qualité ou plus récemment « BERT », qui améliore la compréhension des intentions de recherche.
Pour être visible, le contenu devra donc plus que jamais faire preuve d’exhaustivité et d’originalité. Viser le longform de préférence au snacking content, en abordant un sujet en profondeur, sous tous ses angles. Soigner l’orthographe, la grammaire, le style, pour renforcer sa crédibilité et son autorité. Mais aussi travailler la structure et l’architecture de l’information, avec un bon découpage en paragraphes, des sous-titres, des listes à puces… Autant de critères « éditoriaux » scrutés de près par les moteurs, via des méthodes de traitement automatique du langage de plus en plus poussées.
Au-delà de sa qualité intrinsèque, le contenu devra aussi faire preuve d’une pertinence contextuelle sans faille. Délivrer la bonne information au bon moment, en fonction du profil et de l’environnement de chaque internaute. Une exigence qui suppose d’adopter une approche quasi « chirurgicale » du maillage requêtes/contenus, en associant chaque intention de recherche à un contenu dédié. Via un travail poussé de recherche sémantique et d’analyse des SERPs, pour identifier les « brèches » à combler. Mais aussi en exploitant toutes les données comportementales (historiques de navigation, interactions…) pour personnaliser les résultats en fonction de critères ultra-qualifiants (localisation, device, étape du tunnel…).
C’est donc un véritable travail d’orfèvre qui attend les équipes SEO, pour produire des contenus aussi ciblés que qualitatifs. Un travail qui implique de sortir des logiques de volume pour privilégier la granularité et l’affinité. De passer d’un contenu duplicable à l’infini, à un contenu « cousu main », pensé comme un service sur-mesure pour l’utilisateur. Dans cette optique, certains n’hésitent pas à prédire la « fin du contenu » tel qu’on le connaît aujourd’hui, au profit de formats plus interactifs et immersifs (vidéos, infographies, simulateurs…). Des contenus « rich media » plus difficiles à produire en masse, mais beaucoup plus impactants en termes d’engagement et de mémorisation.
Autre tendance de fond, l’essor des contenus « verticalisés », ultra-spécialisés sur une thématique ou une cible. Des contenus d’experts, qui jouent la carte de l’hyper-pertinence sectorielle pour capter une audience de niche. C’est le modèle des « niche sites », qui se positionnent comme des références sur des requêtes très précises. Ou celui des « knowledge hubs », qui agrègent des ressources thématiques de qualité pour devenir incontournables sur un secteur. Une tendance à la spécialisation favorisée par les progrès du machine learning, qui permet de « clusteriser » finement les contenus et requêtes par univers sémantiques.
Mais attention, produire des contenus de qualité ne suffira pas. Encore faudra-t-il assurer leur découvrabilité et leur distribution sur l’ensemble de l’écosystème digital. Un enjeu majeur à l’heure où les utilisateurs accèdent aux contenus par une multiplicité de points d’entrée (moteurs, réseaux, apps, agrégateurs, messageries…). Pour être vu, le contenu devra donc être pensé dès sa conception dans une logique « omnicanal », adaptable à chaque plateforme et contexte de consommation. Un défi qui implique de sortir des logiques en silo, pour adopter une approche « content-first » unifiée, orchestrée à l’échelle de l’entreprise.
C. La quête de transparence et de confiance envers les marques
A l’heure de l’infobésité et des fake news, les internautes sont plus que jamais en quête de repères et de confiance dans leur consommation d’informations. Face à la déferlante de contenus qui saturent le web (plus de 4,4 millions de posts de blog publiés chaque jour dans le monde !), ils attendent des marques qu’elles jouent un rôle de « tiers de confiance ». En proposant des contenus fiables, sourcés, qui les aident à y voir plus clair dans la jungle du web. Une attente de transparence et de crédibilité qui fait écho aux dernières évolutions de l’algorithme Google, mettant l’accent sur l’expertise, l’autorité et la fiabilité des sources (les fameux critères « EAT »).
Pour se différencier, les marques devront donc plus que jamais cultiver leur « label de qualité » éditorial. Capitaliser sur leur légitimité et leur signature de marque, en produisant des contenus « attributables », qui reflètent leurs valeurs et engagements. Mais aussi assumer une vraie fonction de médiation et de pédagogie vis-à-vis de leurs publics, en apportant un éclairage objectif et argumenté sur des sujets complexes. Un positionnement de « marque media » qui suppose de se doter de compétences éditoriales pointues, pour produire des contenus dignes des meilleures rédactions.
La quête de transparence passe aussi par un travail sur les « preuves » et la sourcing des contenus. Alors que les internautes sont de plus en plus sensibles aux enjeux de désinformation et de manipulation, il devient crucial de s’appuyer sur des données vérifiées et des experts identifiés. De citer ses sources, de mettre en avant les compétences de ses auteurs, de faciliter le fact-checking… Bref, de lever les ambiguïtés sur l’origine et la fiabilité des informations, pour créer un lien de confiance durable. Une démarche de transparence qui doit s’étendre à l’ensemble des « signaux de marque » sur le web, des pages About aux avis clients en passant par les CGU/CGV.
D’autant que la confiance est un critère scruté de près par les algorithmes, qui accordent un bonus d’autorité aux marques les plus « citées » et relayées sur le web. Les liens entrants, mentions de marque, partages sociaux… sont autant de signaux de « valeur perçue », que Google associe au niveau de confiance d’un éditeur de contenu. Sans parler des signaux encore plus fins analysés par le machine learning et le traitement du langage, comme le ton et l’intention des commentaires qui entourent une page. L’enjeu pour le SEO est donc de travailler la « réputation sémantique » de la marque, pour créer une caisse de résonance positive qui dope son autorité.
Mais la confiance ne se décrète pas, elle se gagne dans la relation au quotidien avec ses clients et prospects. C’est tout l’enjeu du content marketing « conversationnel », qui consiste à susciter des échanges authentiques avec ses communautés au fil des contenus. Concrètement, cela passe par la modération active des commentaires, pour entretenir des discussions constructives et rassurantes autour de la marque. Par l’animation de groupes et forums dédiés, qui font office de « safe places » où échanger en toute transparence. Mais aussi par la co-création de contenus avec ses clients ambassadeurs, qui apportent la preuve vécue des engagements de marque…
Autre levier de confiance majeur : la personnalisation relationnelle des contenus. Face à des utilisateurs ultra-sollicités, qui ne supportent plus le mass marketing intrusif, l’enjeu est de construire une relation individualisée et empathique. En segmentant finement ses cibles, pour adapter le contenu, le ton, les arguments de chaque prise de parole. Mais aussi en « profilant » ses contenus en fonction des attentes et motivations propres à chaque persona. L’idée : passer du marketing des personas au marketing des individus, pour une relation plus authentique, moins « étiquette ». Un défi qui pousse le SEO à travailler main dans la main avec les équipes CRM et data, pour exploiter toute la richesse des données client !
E. Le besoin d’interactions sociales et de recommandations
Autre grande aspiration des consommateurs d’aujourd’hui : le besoin d’échanges et d’interactions « sociales » autour des marques et contenus. A l’heure du marketing conversationnel et des communautés, ils attendent bien plus qu’une simple consommation passive d’informations. Mais une vraie relation de proximité avec les marques, nourrie de dialogues, de partages, de créations partagées… Selon une étude, 62% des millennials affirment qu’une expérience interactive améliore fortement leur opinion et préférence pour la marque. Une tendance qui fait écho aux évolutions des réseaux sociaux, de plus en plus tournés vers l’engagement et la co-création de contenus (Stories, Live, Reels…).
Pour le SEO, l’enjeu est donc de favoriser les interactions et la prise de parole des internautes autour des contenus. En intégrant du asking (sondages, questionnaires…) et des call-to-action forts qui suscitent la réaction (commentaires, partages, mentions…). Mais aussi en créant des espaces communautaires dédiés (groupes, forums…), propices aux échanges entre pairs passionnés. L’idée : transformer chaque contenu en point de départ d’une conversation riche, pour renforcer le lien et l’attachement à la marque. Un changement de paradigme qui suppose de passer d’une logique de diffusion à une logique d’animation, en orchestrant les interactions au sein d’un écosystème de « contenus vivants ».
Cette dynamique sociale et conversationnelle est d’autant plus stratégique qu’elle envoie des signaux positifs aux algorithmes. Les réseaux sociaux font en effet partie des critères « off-site » scrutés par Google pour évaluer la popularité et l’autorité d’une marque. Les partages, likes, commentaires… sont autant de preuves d’engagement, perçues comme des gages de qualité et de confiance. Tout comme les « backlinks sociaux » (liens partagés sur les réseaux) qui s’ajoutent au capital de liens classiques. Même si leur impact SEO direct reste débattu, ces métriques contribuent indirectement au référencement, en renforçant l’engagement des utilisateurs et la visibilité globale de la marque.
D’où l’importance d’intégrer une dimension sociale à chaque étape de sa stratégie de contenus. Identifier les sujets et angles propices au buzz, en surveillant les tendances sur les réseaux (social listening). Adapter les contenus aux codes de chaque plateforme (formats verticaux, légendes, hashtags…), pour favoriser leur prise en main par les communautés. Mettre en place des dispositifs d’écoute et de veille, pour détecter les contenus qui « prennent » et surfer sur les bonnes vagues. Mais aussi définir une vraie stratégie de promotion sociale (SMO), en activant ses fans et influenceurs pour créer des effets boule de neige.
Car l’autre grande tendance qui monte, c’est le poids des recommandations de pairs dans les parcours web. Avant un achat, 87% des internautes font confiance aux avis clients pour se décider. Et 40% des millennials déclarent que leur entourage sur les réseaux comprend mieux leurs goûts que leurs amis proches ! De fait, les internautes s’appuient de plus en plus sur leur « groupe », leurs influenceurs, pour filtrer et qualifier l’information pertinente. Un phénomène qui pousse les marques à repenser leur relation client, en déléguant une partie de leur « pouvoir de prescription » à leurs ambassadeurs.
Pour le SEO, c’est une opportunité unique de toucher des publics ultra-qualifiés, sur la base d’une recommandation de confiance. En activant les bons « micro-influenceurs », experts pointus qui font référence sur des thématiques de niche. En suscitant des avis et témoignages positifs, qui font figure de « preuves sociales » et attirent le clic. Mais aussi en favorisant le user-generated content (UGC), contenus spontanément créés par les utilisateurs qui véhiculent un capital sympathie décuplé. Sachant que ce contenu « peer-to-peer » est aussi de plus en plus intégré aux algorithmes, via l’analyse des interactions sociales qui l’entourent.
A terme, c’est donc un vrai travail d’ingénierie d’influence qui attend les experts du search. Avec la nécessité d’orchestrer un écosystème complexe de signes de confiance (ambassadeurs, retombées presse, citations, avis certifiés…), au service de la réputation search de la marque. Et ce dans un contexte de « socialisation » croissante des parcours web, où chaque interaction individuelle peut avoir un impact décisif sur la visibilité. Un tournant conversationnel et communautaire qui rebat les cartes du référencement, en faisant des utilisateurs les premiers prescripteurs des contenus.
IV. Les défis à relever pour les professionnels du SEO
A. Maintenir une veille constante sur les mises à jour des algorithmes
Le premier défi des experts SEO sera de suivre le rythme effréné des mises à jour des algorithmes, qui ne cesse de s’accélérer. Car les fameux « core updates » de Google, autrefois espacés de plusieurs mois, se font désormais de plus en plus fréquents et impactants. Sur la seule année 2021, le moteur a déployé pas moins de cinq mises à jour majeures (dont les très attendus Page Experience Update et Link Spam Update), bouleversant le classement de pans entiers du web. Une cadence qui devrait encore s’intensifier à l’avenir, sous l’effet des progrès de l’apprentissage automatique qui permet des ajustements de plus en plus fins et réguliers.
Pour ne pas se laisser déborder, les professionnels du search devront donc mettre en place une veille technologique de tous les instants. Suivre les annonces officielles des moteurs, décrypter les analyses des experts, éplucher les brevets… pour identifier au plus vite les nouvelles règles du jeu et leurs implications. Un effort de surveillance d’autant plus crucial que Google communique de moins en moins sur ses mises à jour, laissant les spécialistes démêler le vrai du faux à partir de signaux faibles. Sans parler des nombreux tests et expérimentations déployés en catimini, qui peuvent préfigurer de futurs changements de cap…
Outre ce travail de veille, les SEO devront aussi se doter d’outils de monitoring puissants, pour mesurer en temps réel l’impact des mises à jour sur leurs propres sites. Des outils capables de tracker finement les positions et le trafic, d’analyser les SERPs sur des millions de requêtes, de benchmarker les bonnes pratiques des concurrents… Bref, de prendre le pouls du SEO à chaque instant, pour repérer les anomalies et réagir à la première alerte. Un niveau de granularité et de réactivité qui nécessitera d’importants investissements techniques, en collaboration étroite avec les équipes data de l’entreprise.
Mais la clé sera surtout d’adopter un mindset d’amélioration continue, pour adapter sa stratégie SEO en fonction des évolutions détectées. Plutôt que de subir les mises à jour, il s’agira de les anticiper en testant de nouvelles approches, en expérimentant de nouveaux leviers. Bref, d’entrer dans une logique agile et proactive, pour tirer son épingle du jeu dans un écosystème en perpétuel mouvement. Sachant que la meilleure protection face à l’incertitude algorithmique restera de miser sur les fondamentaux : des contenus de qualité, une expérience utilisateur optimale, une stratégie de liens naturelle… En somme, tout ce qui fait la valeur d’un site aux yeux des internautes, par-delà les soubresauts de Google !
B. Développer une approche SEO globale et cross-canal
Autre défi d’ampleur pour les experts du search : passer d’une approche « site-centrique » à une vision globale et décloisonnée du SEO. Car le référencement ne se joue plus seulement sur les moteurs traditionnels, mais sur une multitude de canaux et points de contact, où se dispersent les utilisateurs. Réseaux sociaux, marketplaces, applications mobiles, assistants vocaux… constituent autant de nouveaux carrefours d’audience, avec leurs propres logiques et leviers de visibilité. Pour exister sur ces écosystèmes connectés, le SEO doit donc sortir de sa zone de confort et embrasser une approche « cross-canal », qui capitalise sur les synergies entre plateformes.
Cela passera d’abord par un important travail de veille et de tests, pour identifier les opportunités de trafic sur des supports émergents. On a vu par exemple que YouTube était devenu le deuxième moteur de recherche mondial, avec ses propres critères de ranking (engagement, rétention…). De même, des réseaux comme Pinterest ou Twitch génèrent un volume croissant de recherches hyper-qualifiées, sur des thématiques encore peu concurrentielles. Ou que de nouvelles sources « d’answer engine » (comme Quora ou Reddit) grimpaient dans les SERPs, valorisées pour leur contenu frais et communautaire… Autant de prises à saisir pour les early adopters, en appliquant les principes du SEO à des environnements inédits.
Mais au-delà du sourcing de nouveaux gisements de trafic, l’enjeu sera surtout de renforcer la cohérence de sa présence sur tous les points de contact. En optimisant le maillage et l’interconnexion de ses différents actifs digitaux (site, blog, app, réseaux sociaux, sites satellites…), pour créer un écosystème fluide et cohérent. Mais aussi en mutualisant ses efforts de content marketing et de link building, pour créer des effets d’écho positifs entre plateformes. Par exemple, en recyclant un article de blog en infographie Pinterest, ou en boostant une vidéo YouTube via des liens contextuels depuis son site… L’idée : maximiser la portée de chaque contenu, en l’adaptant aux codes des différents canaux.
Pour orchestrer cette stratégie SEO cross-canal, de nouveaux métiers et compétences vont émerger. On parle de plus en plus de « SEO product owners », pour assurer le pilotage transverse des actions de search à l’échelle de l’entreprise. Ou de « SEO growth hackers », experts de la data capable de détecter le potentiel SEO de chaque levier (social ads, marketplaces, partenariats…) pour lui adresser le bon contenu au bon moment. Mais aussi de « SEO automation managers » pour industrialiser la création de contenus et de liens via l’IA, ou de « sales-assisted SEO » pour aligner les efforts de search avec la stratégie commerciale et CRM de l’entreprise.
On le voit, le SEO de demain ne sera plus l’affaire de spécialistes isolés, mais d’équipes pluridisciplinaires capables de casser les silos. Content managers, traffic managers, data analystes, UX designers… devront collaborer étroitement pour intégrer le search à chaque étape du parcours client. Un changement de paradigme qui bouscule les organisations, et pousse le SEO à développer de nouvelles compétences : esprit de synthèse, agilité, pédagogie… pour embarquer l’ensemble de l’entreprise dans une culture commune de la performance organique.
C. Miser sur la créativité et l’innovation pour se démarquer
Dans un écosystème web saturé de contenus et de concurrents, le SEO devient aussi plus que jamais un jeu créatif. Pour sortir du lot et capter l’attention, il ne suffira plus d’appliquer des recettes éprouvées, mais d’inventer de nouveaux formats et expériences différenciants. L’enjeu : réenchanter le search marketing, en apportant de la disruption et de l’audace dans un monde d’ultra-rationalité algorithimique. Un défi d’autant plus stimulant que les moteurs encouragent eux-mêmes l’innovation, en valorisant la richesse et l’originalité dans leurs classements (critères « EAT »).
Concrètement, les experts SEO devront donc cultiver leur fibre créative, pour imaginer des concepts de contenus inédits, propres à susciter l’engagement. Cela passera par un important travail de veille et de benchmarks, pour identifier les meilleures pratiques et s’en inspirer (méthode du « skyscraper »). Mais aussi par des phases de brainstorming et de design thinking, pour sortir des sentiers battus et concevoir des expériences « jamais vues ». De l’interactif au transmedia en passant par l’immersif et le participatif, c’est une palette infinie de formats innovants qui s’offre aux créatifs du SEO.
On pense par exemple aux « stories SEO », contenus mobiles immersifs boostés aux micro-interactions, popularisés par les réseaux sociaux. Ou aux « challenges SEO », défis viraux qui engagent les communautés autour de la marque, sur le modèle du célèbre Ice Bucket Challenge. Mais aussi aux « SEO games », web-séries ou escape games ludiques qui misent sur la gamification pour conquérir de nouveaux publics. Ou encore aux « assistant SEO apps », modules interactifs qui enrichissent les pages de résultats pour rendre l’expérience plus fluide (calculateurs, comparateurs, configurateurs…)…
Autre terrain de jeu créatif en plein essor : la « search experience optimization », ou comment réinventer l’expérience de recherche elle-même. Plutôt que de se contenter d’optimiser des pages de contenu statiques, il s’agit ici de concevoir des parcours de navigation inédits, adaptés aux nouveaux usages du search. Cela peut passer par des interfaces « no-click », où les résultats s’affichent directement dans les snippets enrichis, sans même avoir à cliquer. Par des systèmes de navigation vocale ou visuelle, pour interagir avec les contenus en langage naturel. Ou encore par des modules de personnalisation avancée, qui « apprennent » les préférences de l’utilisateur pour lui suggérer des résultats ultra-pertinents…
Mais pour réussir ces paris créatifs, les SEO devront aussi muscler leurs compétences techniques, en intégrant de nouveaux outils et méthodes agiles. On pense notamment au growth hacking, qui combine créativité et data science pour identifier rapidement les tactiques les plus performantes. Au design atomique, qui structure les contenus en briques modulaires et réutilisables, pour gagner en vitesse d’exécution. Ou encore à l’IA générative, qui automatise la production de contenus originaux et personnalisés à grande échelle… Des approches product-led qui bousculent les méthodologies classiques du SEO, et l’ouvrent à de nouveaux profils hybrides (product owners, UX writers, développeurs front…).
C’est donc une petite révolution culturelle qui attend les experts du search, appelés à se réinventer en « SEO thinkers » et créatifs. Leur défi : réenchanter un canal ultra-concurrentiel et technicisé, en y injectant de l’audace, de la disruption, de l’émotion. Un mindset d’innovation qui ne pourra s’épanouir qu’au sein d’organisations matures, prêtes à tester et à prendre des risques. Mais aussi à assumer un discours de marque fort, incarné, clivant, condition sine qua non pour exister dans l’économie de l’attention. L’avenir du SEO se jouera autant dans les têtes que dans les crawlers !
D. Collaborer avec d’autres expertises (UX, content, social media…)
Pour relever ces défis d’innovation et de transversalité, le SEO devra plus que jamais faire tomber les silos et collaborer avec l’ensemble de l’écosystème digital. Exit les organisations en râteau, où chaque canal optimise ses propres leviers dans son coin. Place à des équipes pluridisciplinaires et agiles, mobilisées autour d’un objectif commun : délivrer l’expérience client la plus fluide et pertinente, quel que soit le point d’entrée. Une petite révolution pour le SEO, longtemps cantonné à son pré carré « technique », et appelé à s’ouvrir au reste du marketing digital.
Premier partenaire incontournable : les experts UX (User experience), qui conçoivent les interfaces et parcours pour optimiser l’engagement des visiteurs. Leur défi commun : réconcilier les exigences du référencement (crawlabilité, vitesse, structure…) avec celles de l’expérience utilisateur (design, ergonomie, personnalisation…). Cela passera par la co-conception de maquettes et prototypes intégrant les bonnes pratiques des deux disciplines. Mais aussi par des tests réguliers (heatmaps, AB testing…) pour valider la « search-friendliness » des parcours, sans dégrader la navigation. L’objectif : trouver le juste équilibre entre la « machine » (les moteurs) et « l’humain » (l’utilisateur), pour des interfaces toujours plus intuitives.
Autre allié objectif du SEO : les content managers et rédacteurs, architectes des contenus qui font la valeur d’un site. Leur mission commune : produire la meilleure réponse aux requêtes et intentions des internautes, en combinant pertinence éditoriale et performance SEO. Un défi qui nécessitera de renforcer le dialogue dès la phase de conception (cadrage éditorial, choix des sujets et mots-clés…). Mais aussi d’optimiser le workflow de production, en intégrant les critères SEO à chaque étape (rédaction, saisie des balises, structuration…). Sans oublier la mesure de performance, pour identifier les contenus les plus générateurs de trafic… et propager ces bonnes pratiques à tous les rédacteurs !
Du côté des social media managers aussi, la collaboration avec le SEO devra se renforcer. L’enjeu : maximiser les synergies « search-social », en partageant les insights et bonnes pratiques des deux canaux. Par exemple, en utilisant les tendances détectées sur les réseaux pour inspirer de nouvelles recherches et contenus. En optimisant ses posts sur les critères de « searchabilité » propres à chaque plateforme (hashtags, légendes, annotations…). Ou encore en créant des passerelles entre ses communautés sociales et son site, via des liens, des jeux-concours, des « social stories » embarquées… Bref, en concevant sa présence digitale comme un écosystème unifié, où chaque canal démultiplie l’audience des autres.
Du côté des équipes marketing aussi (chefs de produit, commerciaux, community managers…), le SEO aura un rôle central de conseil et d’évangélisation à jouer. Son défi : faire de chaque collaborateur un ambassadeur du search, conscient de son impact business et de ses principaux critères de performance. Cela passera par des actions de formation et de pédagogie régulières, pour diffuser les bonnes pratiques de recherche et de content en interne. Par la co-construction de guidelines et templates SEO-friendly, pour guider la création des contenus métier. Mais aussi par la mise en place de challenges et d’incitations, pour embarquer chacun dans la culture de la visibilité…
Enfin, le SEO devra aussi se rapprocher des équipes tech et data, pour développer son arsenal d’outils prédictifs et automatisés. L’enjeu : exploiter la masse des données de recherche interne (CRM, métriques de navigation…) et externe (tendances SEO, rankings…), pour mieux anticiper le potentiel de chaque requête et apporter la réponse la plus qualifiée. Cela passera par la mise en place d’outils de crawl et d’indexation maison, pour monitorer en temps réel la « santé » et la performance du site. Par des modèles d’attribution avancés, pour mesurer finement la contribution du SEO à chaque vente ou lead. Mais aussi par des systèmes de content intelligence, capables de générer automatiquement des pages et des liens hyper-pertinents.
On le voit, le SEO de demain ne se fera plus en vase clos, mais en interaction avec une multitude d’expertises digitales. Son nouveau défi : fédérer une culture transverse du search marketing, en cultivant un mindset « d’intrapreneur » ouvert sur son écosystème.